« Il y a chez Gemignani une manière de penser le monde par des actes simples, des mises en symbolique qui préserve son plaisir de voyeur, quel homme il est ! De tartouilleur, quel peintre il est ! Et qui pose le sensible en avant, comme premier. La peinture et son exposition serait alors la plus exaltante façon de se retrouver et en nous-même et avec les autres. Et puisqu’il s’agit de la peinture, celle de Gemignani ne peut nous dire que l’anodin et son inverse : l’art est au diapason des interrogations les plus fondamentales. Il n’y a pas de plaisir sans conscience, pas de conscience sans amour, pas d’amour sans liberté. »
Alin AVILA,
extrait de la préface du catalogue
d’exposition « Abat-jour » 2007
Après « de plumes et d‘eau », où l’artiste situait le contenu de son inspiration solognote dans la faune des anatidés, aujourd’hui c’est son contenant qui lui retient l‘attention: on dirait les fleurs de marais .
Là, l‘eau noire émerge des ténèbres… On dirait la mare au diable que côtoie la fleur du mâle encore engluée par cette noirceur millénaire contrastant avec la fleur d’hyvert gavée du linceul d’un blanc neigeux.
Plus loin, de drôles de tiges fibreuses rivalisent de minceur malgré leurs bulbes difformes dont on dirait des mantes à l’eauvoisines de quatre autres longilignes regroupées et suspendues par des filins dont on dirait un quatuor à cordes.
Où encore plus loin, le marais-mouillé cache l’ordre des orthoptères alors que se confondent saponaires et utriculaires en un grand brouillis.
De ceux de Vérone à la cible en passant par la bataille perdue, le tir-forain, la guerre des boutons, et sémafleurs, l’auteur décline une nouvelle gamme de couleurs où l’ivresse gestuelle et l’outrance colorée donnent une lecture de joyeuse impertinence et bien sûr laisse au regardeur la possibilité d’un tout autre : ON DIRAIT…
Michel Gémignani