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Gregoire Lemaire

Je suis autodidacte, élève perpétuel de la terre, il n’est pas un jour sans que l’argile ne me surprenne. À l’origine, il y a la beauté des roches, des pierres, de la terre. L’observation d’un simple caillou ramassé au bord d’un chemin, découvrir de petits cristaux étincelants nichés au creux d’une cavité, le dessin ordonné des fissures sur la terre au fond d’un lac asséché…
La beauté du monde minéral me fascine depuis mon plus jeune âge. Elle m’a d’abord incité à peindre, les paysages montagneux étaient mes modèles favoris.  Enfant je découvre le village potier de La Borne, à quelques kilomètres seulement de Gien. Ce fut un choc ! Tout est là, au cœur des ateliers de potiers. Les jarres, les bols, les pots, portent en eux toute la beauté des paysages de mon enfance. La terre dévoile à l’infini ses nuances d’ocres, tachetée de pyrites, marquée par le feu et les cendres. Les engobes tressaillent comme la boue sous le soleil d’été. L’émail se fait cristallin comme le quartz ou brumeux comme l’albâtre. Le céladon me fait rêver d’aigue-marine et de topaze. Avec mes yeux d’enfant, j’envie le don des potiers : celui de maîtriser le feu pour redonner à l’argile la dureté et l’éclat des roches. Chaque pot est à la fois un paysage né de la terre et le témoignage de son auteur.
Alors il y a 10 ans, l’envie était trop forte, je voulais moi aussi goûter à l’ivresse de la terre en mouvement sur le tour, jouer avec le feu, voir l’argile se transformer. Je me suis lancé, sans formation, avec juste un vieux tour de potier et quelques kilos de terre. Aujourd’hui, je suis à mon tour potier. De mon enfance passée à peindre, j’ai gardé une envie de couleurs. Plus que tout, c’est le tournage et la gravure qui me séduisent. C’est le moyen pour moi d’être au plus près de la terre, de la toucher, de la sentir. Année après année, un langage de couleurs, de formes, de lignes entremêlées s’est imposé à moi. Des chemins se dessinent mais tout reste à faire, l’argile à encore tellement à m’apprendre. La poterie traditionnelle ne m’a jamais lassé. Elle est le témoignage des générations de potiers dont je suis héritier. J’ai besoin de conserver des références aux formes de contenant, même si bien souvent, je sacrifie leurs vocations utilitaires au profit de choix sensibles. Mes pots n’ont alors plus rien à contenir, rien d’autre qu’un témoignage : celui de mon amour de la terre.
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